« Bébé fait-il ses nuits ? »
C’est la question qui revient en boucle aux oreilles des nouveaux parents.
Une question qui n’est pas sans susciter une certaine pression : « Sommes-nous de bons parents si nous n’arrivons pas à apprendre à notre bébé à dormir seul ? »
Cet article vise à mieux comprendre la réalité du sommeil des bébés pour mettre fin à cette pression inutile et à cette comparaison avec le sommeil des adultes qui génère des frustrations. En effet, très souvent, les attentes vis-à-vis du sommeil des bébés ne sont pas réalistes.
Premièrement, qu’appelle-t-on « faire ses nuits » ? Les pédiatres considèrent qu’un bébé « fait ses nuits » lorsqu’il dort de manière ininterrompue entre minuit et 5 heures du matin. Nous ne sommes pas du tout sur la même norme que celle des adultes (8 heures par nuit).
Il faut aussi savoir que si vers 4 mois, le bébé a généralement acquis une certaine notion du jour et de la nuit, l’organisation circadienne ne sera totalement acquise que vers 2 ans.
Nous allons voir que le développement du bébé ne lui permet pas de dormir toute la nuit car les réveils nocturnes lui permettent de détecter et de communiquer ses besoins vitaux.
La structure du sommeil de bébé
Le sommeil de l’être humain se compose de deux phases principales : le sommeil léger et le sommeil profond.
Le bébé a un plus grand besoin de sommeil léger que l’adulte : 50 % à 60 % de son sommeil à la naissance, contre 20 % pour l’adulte. De 3 mois à 3 ans, la proportion diminue progressivement pour arriver au niveau de celui de l’adulte.
C’est lorsque le cerveau connaît sa croissance la plus rapide que la proportion de sommeil léger est la plus élevée, puisqu’il a une réelle influence sur le développement cérébral.
Le sommeil profond survient toutes les heures chez le bébé, après 20 minutes de sommeil léger et chaque passage du sommeil léger au sommeil profond est un moment critique lors duquel le bébé est susceptible de se réveiller facilement.
Si un stimulus se produit lors de cette transition, il y a de grandes chances que le bébé se réveille. Ce qui explique que les bébés sont difficiles à déplacer, sans réveil, durant les premiers mois.
Ce processus de réduction du sommeil léger est discontinu : il peut y avoir un allongement des périodes de sommeil pendant quelque temps, puis à nouveau de nombreux réveils, puis une autre période d’allongement.
Les besoins physiques du bébé la nuit
Commençons par l’alimentation, l’estomac du bébé est encore tout petit : il se nourrit peu à la fois mais souvent.
Les tout premiers mois, le bébé tète toutes les 2-3 heures, jour comme nuit et conserve deux tétées par nuit au moins jusqu’à 9 mois.
De plus, le lait maternel est disponible en plus grande quantité la nuit, et le réflexe d’éjection plus puissant, ce qui donnerait un lait plus riche en matières grasses, et donc en calories. Les bébés qui tètent fréquemment pendant la nuit ont donc tendance à mieux grandir et mieux grossir.
Au-delà du besoin de se nourrir, les réveils nocturnes sont une réponse à l’immaturité de leur respiration, qui est irrégulière avec des épisodes d’apnée du sommeil.
Le bébé est pourvu d’un réflexe protecteur qui l’aide à se réveiller en réaction à une apnée du sommeil qui le mettrait en danger. La mort subite du nourrisson serait la conséquence d’un mauvais fonctionnement de ce réflexe : le bébé ne parvient pas à se réveiller lors d’un problème respiratoire. Les bébés les plus à risques sont ceux qui dorment de manière ininterrompue très tôt.
Ce risque est présent jusqu’à 1 an, plus particulièrement entre 0 et 6 mois, avec un pic autour de 3 mois.
Le sommeil léger et les réveils fréquents nocturnes protègent donc le bébé de cette tragédie. L’OMS recommande officiellement que le bébé dorme près de ses parents les 6 premiers mois de sa vie, car un bébé qui dort seul passe plus de temps en sommeil profond qu’il ne le devrait.
Les besoins affectifs du bébé la nuit
Exiger qu’un bébé s’endorme seul est une spécificité de notre culture et n’est absolument pas une vérité communément admise dans le monde entier.
Du point de vue biologique, si l’on compare son niveau de développement à la naissance avec les autres mammifères, le bébé humain est né “prématuré” d’environ 1 an. À la naissance, le cerveau humain n’a que le quart de sa taille adulte. Si le bébé humain naissait au même niveau de développement que les autres mammifères, il ne pourrait pas passer par le bassin de sa mère. Cette immaturité explique la grande dépendance du bébé à ses parents.
Le bébé n’est donc pas prêt pour être seul toute la nuit, sans aucun contact.
Les contacts physiques lui procurent du bien-être car ils entraînent la sécrétion d’ocytocine et font baisser la sécrétion d’hormones du stress, qui ont un impact sur la digestion, la croissance et le développement cérébral. Les contacts physiques favorisent aussi le lien d’attachement parent-enfant et la sécurité affective du tout petit. Le sommeil est une séparation effrayante pour le tout-petit. Sentir que ses parents sont toujours là pour lui, même la nuit, quand il en a besoin l’aidera à appréhender le sommeil sereinement plus tard, en confiance.
C’est pourquoi il est bénéfique pour un bébé d’être accompagné dans le sommeil (avec une chanson, des bercements, des caresses…).
En conclusion,
Le vrai problème de faire ses nuits ou pas est lié à la fatigue ressentie par les parents, pas au bien-être du bébé.
La vraie question n’est donc pas : comment faire pour que bébé apprenne à faire ses nuits mais plutôt : quels changements permettraient aux parents d’être moins fatigués ?
Ce n’est pas tant la fréquence des réveils qui fatigue, mais la durée de ces réveils.
Ne pas allumer de lumière trop forte au milieu de la nuit par exemple, facilite un rendormissement plus facile pour tout le monde.
Ne pas se coucher trop tard le soir ou faire la sieste en même temps que son bébé peut aussi permettre de limiter les effets de la fatigue.
Dans un autre article, nous vous présentions les bienfaits du cododo pour toute la famille et l’importance de bien s’équiper pour le rendre possible.